Une expérience vécue
Dans la médecine traditionnelle chinoise, la prévention tient une place essentielle, avec la conviction que l’alimentation peut réguler l’organisme et prévenir la maladie.
J’ai toujours été suivie en médecine occidentale, sans accorder beaucoup d’attention à la médecine chinoise. Mais un jour, une expérience personnelle m’a fait découvrir la puissance des aliments à visée thérapeutique. C’était tout simplement incroyable. J’ai alors compris ce que signifie l’expression « les aliments et les médicaments partagent la même origine », et j’ai ressenti toute la sagesse et la profondeur de la médecine traditionnelle chinoise.
Lors de ma première grossesse, j’ai malheureusement fait une fausse couche au bout de 10 semaines. Ma gynécologue m’a toutefois déconseillé un curetage immédiat (D&C) et suggéré d’attendre un peu pour voir comment mon corps allait réagir naturellement.
Le lendemain, à peine arrivée de ma mère, elle m’a alors préparé un bouillon traditionnel appelé « jiu ji » (poulet au vin de riz), une recette utilisée dans le sud de la Chine pour restaurer les femmes après l’accouchement.
Ce plat est composé de poulet, gingembre, champignons noirs, fleurs de lys séchées, vin de riz, et parfois des cacahuètes. C’est un mets délicieux. Je l’ai bu et j’ai continué mes occupations.
Mais deux heures plus tard, j’ai senti une réaction au niveau du ventre. J’ai voulu aller aux urgences, mais en arrivant à la porte, mes jambes ont cédé. Je me suis retrouvée à genoux, sentant que quelque chose s’échappait de mon corps. Ensuite, je me suis immédiatement sentie soulagée, comme si tout était rentré dans l’ordre. Ce que j’ai expulsé ressemblait à un tissu musculaire ovoïde.
Ma mère m’a alors recommandé de continuer à boire ce bouillon plusieurs jours. Effectivement, les jours suivants, chaque prise semblait déclencher l’évacuation de sang résiduel, jusqu’à ce que tout rentre dans l’ordre. Ces simples ingrédients de cuisine ont suffi à rétablir mon état physique.
Ce fut pour moi une révélation directe de la notion de « médecine et alimentation d’une même source ».
La sagesse ancienne confirmée par la science
Selon la médecine chinoise, les aliments et les remèdes ne diffèrent que par leur dosage : les aliments ont peu d’effets secondaires et sont pris en grande quantité ; les médicaments, plus puissants, sont pris en petites doses.
Chaque aliment possède une « nature » (chaud, tiède, froid, frais) et une « saveur » (acide, amer, doux, piquant, salé). Par exemple, les aliments tièdes ou chauds activent la circulation, donnent de l’énergie (ex. : viandes, épices), tandis que les aliments froids rafraîchissent (ex. : fruits, légumes verts, fruits de mer). L’objectif en médecine chinoise est de trouver l’équilibre selon la constitution de chacun.
Le grand médecin Sun Simiao (Dynastie Tang) écrivait :
« Si l’alimentation ne suffit pas à guérir, alors on utilise les médicaments. »
Il cite également Zhang Zhongjing, médecin de l’époque Han :
« Le corps est sain par une bonne hygiène de vie. Ne consommez pas de médicaments inutilement. »
Des observations modernes remarquables
Le Dr Michael Greger, spécialiste américain en nutrition, a comparé les statistiques de cancer entre l’Inde et les États-Unis. Résultat : les Indiennes ont 10 fois moins de cancers colorectaux que les Américaines. Chez les hommes, le cancer de la prostate est 23 fois moins fréquent. Un élément-clé est la consommation quotidienne de curcuma, principal ingrédient du curry indien. Il semble que la curcumine contenue dans le curcuma puisse réactiver le mécanisme de « suicide cellulaire » (apoptose) dans les cellules cancéreuses.
Greger a été inspiré par sa propre grand-mère, condamnée pour maladie cardiaque mais ayant vécu 31 ans de plus grâce à un changement alimentaire radical vers une alimentation végétale complète.
Le témoignage du Dr Hiromi Shinya (Japon/États-Unis)
Le Dr Shinya, pionnier de la chirurgie endoscopique, a traité plus de 300 000 patients. À 72 ans, il n’a jamais eu à rédiger un certificat de décès. Il affirme qu’après une chirurgie, ses patients qui adoptent une alimentation saine sans médicaments n’ont ni rechute ni métastase. Lui-même n’a plus jamais pris de médicament depuis qu’il a étudié la médecine.
Dans son ouvrage « Le mode de vie sans maladie », il démontre que la majorité des maladies modernes (cancer, diabète, AVC, allergies…) ont pour origine une alimentation et une hygiène de vie dégradées. Il observe que les patients atteints de cancer du sein ou du poumon présentent systématiquement des anomalies digestives. Il estime que l’intestin est la racine de toutes les maladies.
En médecine chinoise, la digestion dépend de la fonction de la rate et de l’estomac, considérés comme la « base acquise de l’être humain ». Une bonne digestion permet de générer du Qi (énergie vitale) et du sang, et d’éviter l’accumulation de toxines ou d’humidité interne.
Vers une approche intégrative
Le Dr Shinya critique la médecine occidentale qui se concentre uniquement sur les symptômes visibles, sans considérer le mode de vie, l’alimentation, le stress ou les relations humaines. Or, « une maladie ne se forme pas en un jour ». Il évoque la notion de « maladie non encore apparente », qui correspond à la prévention chère à la médecine chinoise. Le vrai médecin est donc celui qui traite avant que la maladie n’apparaisse.
Conclusion
Si notre système digestif est sain, nous sommes rarement gravement malades. L’alimentation n’est pas simplement une question de goût ou de calories, mais une véritable médecine préventive. Ce témoignage et les expériences médicales partagées nous rappellent l’importance de revenir à une alimentation naturelle, consciente, et personnalisée pour préserver notre santé à long terme.